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Avoir quinze ans en 68, le plus bel âge de
la vie ?
Célébrés ou dénigrés, les événements de
Mai 68 sont devenus un discours formaté qui
ignore la part de drames individuels qu'ils
ont provoqués au coeur d'une génération.
Bruno Pfister était lycéen à Roanne en mai
1968. Il ne tarde pas à se porter en tête de la
contestation passant à marches forcées de
la trop molle social-démocratie au communisme
bureaucratisé, puis aux divers avatars
groupusculaires du gauchisme avant de
rompre avec le discours révolutionnaire pour
se lancer dans les premiers tâtonnements de
l'écologie politique. Et d'y connaître, à nouveau,
la déception.
Tandis que commence à fleurir le fructueux
commerce soixante-huitard, il se sent
de plus en plus isolé et dupé. Peau après
peau, comme l'oignon que l'on pèle, c'est
son être même qui tend à se réduire, à disparaître
jusqu'à ce que cette perspective
devienne un projet. Alors, le 1er mai 1979,
quai de la Grave, à Marmande, au pont de la
Garonne, il s'immole par le feu en nous laissant
un cahier sur lequel, mois après mois,
sous une forme poétique, il a transcrit son
vertigineux voyage.