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Après l'euphorie de la révolution tunisienne les nouveaux
dirigeants laissent l'État se déliter. Abbès Mohsen, ancien
gouverneur (préfet) de Tunis sous Bourguiba, ambassadeur puis
maire de la capitale sous Ben Ali, raconte comment la Tunisie
alors sous-développée, et malgré les turpitudes du pouvoir en
place, a pu évoluer vers un État moderne.
Si les débuts de Ben Ali furent prometteurs, sa fin de règne, avec
la privatisation de l'État par son clan, fut chaotique. C'est ainsi
que Abbès Mohsen fut démis de ses fonctions de maire pour
avoir résisté aux prévarications du clan présidentiel.
À partir de ses souvenirs, l'auteur nous donne sa vision d'une
Tunisie indépendante, celle d'un Tunisien traditionaliste francophone
et francophile.
Sa critique majeure ? La permanence de l'État n'est plus
assurée, l'éruption tunisienne risque de dégénérer en anarchie
par l'incurie des gouvernants, ou pire, régresser en une dictature
moyenâgeuse.
Selon lui, laisser la Tunisie s'éloigner de l'Europe et de la France
serait un contresens historique et géographique fatal. C'est pourtant
ce que préconisent certains «obscurantistes» qui se tournent vers
des pays du Golfe pour remplacer cet Occident honni.
La voix de Abbès Mohsen est exceptionnelle : musulman
pratiquant, appartenant à une lignée de descendants du prophète
Mahomet et défenseur de la tolérance contre l'obscurantisme,
il est issu d'une grande famille de serviteurs de l'État, dont trois
Premiers ministres des beys de Tunis.