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A la réflexion éminemment philosophique, à
l'observation perspicace des individus s'ajoute chez
Strindberg une fascination pour le réel, jusque
dans ses manifestations les plus prosaïques et les
plus quotidiennes : écoute du chant d'un rossignol
ou discussion à propos d'une technique de
pêche. Peints par Strindberg, les tableaux de la
nature sont sobres - c'est le regard de l'initié, à
la fois détaché et pénétrant. Naturaliste, il parle
en spécialiste de tout ce qu'il voit : fleurs, arbres,
insectes, oiseaux... La description d'une plate-bande
("Du pessimisme dans le jardinage moderne")
lui sert de tremplin pour se lancer dans
des considérations sur la sélection, la perception
artistique, la théorie horticole. "Les secrets des
fleurs" et "L'intelligence des animaux et des plantes"
contiennent des observations et des thèmes qui,
quelques années plus tard, vont être repris et développés.
Le mystère de l'écriture strindberguienne est
sa capacité à maintenir un niveau stylistique toujours
égal - et inégalable. La drôlerie, la richesse
du registre, cette langue à la fois souple et musclée
dont il a le secret, tout cela se retrouve dans
ces courts textes écrits à l'ombre d'une oeuvre gigantesque.