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En 1955, la Fondation Cini invita à Venise une dizaine d'intellectuels
arabes, turcs et iraniens de premier plan pour débattre,
avec les plus grands islamologues italiens, des relations entre
l'Islam et la civilisation occidentale. Les rencontres étaient
conçues sous la forme d'un procès, l'Islam ayant le rôle du
ministère public, et l'Occident celui de la défense. Un compte
rendu de ces rencontres a été publié, où l'on s'aperçoit d'emblée
que l'accusation ne portait pas sur les valeurs de la civilisation
occidentale, mais sur la politique occidentale, coupable de les
avoir trahies.
Plus de cinquante ans après, Franco Rizzi imagine une conversation
entre des personnages de religion ou de culture musulmanes,
centrée sur l'image de l'Islam en Occident, sur les malentendus
qui se sont accumulés de part et d'autre à travers les
siècles, sur les responsabilités tant des musulmans que des
Occidentaux dans l'exacerbation de la tension actuelle. Or si
les termes du débat et les arguments invoqués n'ont presque
pas changé depuis 1955, on constate que la situation s'est détériorée
sous l'effet des événements récents : le 11 Septembre et
le terrorisme islamiste, les différentes guerres en cours, le blocage
du processus de paix israélo-arabe, mais aussi l'immigration
de masse et les crispations communautaires. Toutes choses qui
renvoient directement ou indirectement au passé colonial dont
on refuse encore en Occident d'assumer la violence et de soigner
les blessures.