Read more
Né sous l'Ancien Régime, Étienne-Nicolas Méhul (1763-1817) a traversé les
tumultes de la Révolution et les ors de l'Empire pour mourir à l'aube de la
Restauration. Sa musique est un parfait exemple de Sturm und Drang à la
française : classique par ses formes, elle aspire à une nouvelle esthétique,
celle de l'expression du sentiment dans toute sa versatilité. Le style de Méhul
balaye ainsi une palette de coloris très large, allant de la pompe martiale
(Adrien, Horatius Coclès) à l'affliction (Mélidore et Phrosine, Euphrosine),
en passant par le religieux (Joseph), le pittoresque (Les Deux Aveugles de
Tolède) et même l'exotisme de l'ossianisme, alors en pleine vogue (Uthal).
Si Méhul paraît plus à l'aise dans le style tragique, il laisse cependant de
nombreux ouvrages légers.
À l'occasion du bicentenaire de sa mort, cet ouvrage collectif entend réaffirmer
l'importance d'un artiste qui fut aussi membre actif du Conservatoire de
Paris et de l'Institut de France. Des facettes encore méconnues de son
catalogue y sont mises en lumière, notamment la musique de scène des
Hussites, ses quatre ballets-pantomimes ou encore ses symphonies tardives.
Des statistiques précises donnent une image exacte de sa présence dans la
vie musicale des années 1780-1815. Enfin, l'analyse du regard que portèrent
sur lui Berlioz, Cherubini et Castil-Blaze permet d'affiner les spécificités de
son génie et les limites de ses expérimentations sonores, et de comprendre comment, de compositeur, il devint symbole.