Read more
Il arrive qu'une loi provoque la colère de ceux qu'elle voulait
protéger. C'est ce qui s'est passé fin 2003 avec l'amendement
Accoyer, dont l'intention était de réglementer l'exercice des psychothérapies
au risque de faire disparaître la psychanalyse. Le
public que cette loi était censé protéger risquait ainsi de se
retrouver privé de certaines des libertés garanties par la démocratie.
De nombreux intellectuels, dont Bernard-Henri Lévy, ont
perçu ce danger et ont immédiatement rejoint le mouvement des
Forums psys organisé par Jacques-Alain Miller pour contrer
cette attaque de la psychanalyse sans précédent en France. Il
s'en est fallu de peu qu'elle disparaisse. Bien sûr la question se
pose de savoir comment il a été possible d'en arriver là, et c'est
ce que ce livre entend éclairer. Sans doute l'évaluation et le
scientisme cognitivo-comportementaliste qui infiltrent progressivement
les savoirs et les détruisent ont-ils joué un rôle majeur
dans cette affaire. Et l'Association internationale de psychanalyse,
fondée par Freud pour protéger son invention a encouragé
la cognitivisation forcée de la psychanalyse. La psychiatrie a
quant à elle sombré dans l'obscurantisme hygiéniste du
XIXe siècle et sa nouvelle recrue, l'épidémiologie, accueille
aujourd'hui des discours racialistes. Pourtant, plus l'évaluation
accélère la marchandisation des savoirs et renforce le malaise
contemporain, et plus la psychanalyse d'orientation lacanienne
démontre son utilité publique. Car, Agnès Aflalo le montre ici
avec clarté, elle est la seule à accueillir la singularité de ceux qui
désirent s'y retrouver dans l'opacité de leurs symptômes.