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Cet essai convoque des peintres (Picasso, Bacon, Cueco),
un sculpteur (Michel-Ange selon Freud), un photographe
(Rebufa), des cinéastes (Eustache, Cronenberg), des
poètes (Racine, Artaud, Genet, Todrani, Prigent), un mystique
(Silesius) et même une fiction privée. Pourquoi ce
bric-à-brac où le spécialiste des lettres ou des arts ne
peut que perdre son latin ? Effectivement, rapportée à
l'histoire, cette série, avec ses anciens et ses modernes,
ses connus et ses moins connus, ses grands classiques et
ses avant-gardistes, détonne.
Sa pertinence est ailleurs. Un fil se déplie de commentaire
en commentaire : mot et image sont des traitements
du réel.
Le bon sens prend ses aises avec l'image (du peintre) et
le mot (de l'écrivain) séparés en deux champs héterogènes
- le scopique, l'écriture. Les définitions tombent :
l'image fait voir - elle montre en particulier. Le mot, lui,
désigne - il est porteur d'universel. À chaque champ,
ses spécialistes.
Face à ces simplifications, Hervé Castanet déploie une
autre direction : l'image comme le mot sont inséparables
d'un point de réel, spécifié au cas par cas, mis en
position de cause. Ce titre Entre mot et image désigne le
lieu évidé de la Chose sexuelle (Ding) qui ne peut être
ni dite ni montrée et qui fait choix forcé pour le peintre
ou l'écrivain. À sa façon, selon son style, chaque auteur
ou artiste convoqué noue, dénoue et renoue image et
mot. Dans ces tissages et tressages, la lettre, écrite-lue
ou peinturlurée-montrée, y fait trou réel (J. Lacan).