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Il est évident qu'aucun art ne trouve jamais en lui-même
seulement le principe de son changement et
qu'il n'existe pas d'histoire autonome de l'art. La littérature
elle-même se renouvelle le plus souvent par ses
marges, par des apports étrangers à ce qui participe de
son être même, dans les discours connexes qui sont
souvent au plus près d'elle, qui évoluent avec elle, et
qui sont parfois ce qui permet à une parole autre de
surgir. Elle ne se transforme souvent qu'en intégrant
des genres désignés comme «bas» par les théoriciens
classiques ; elle s'écrit de toute façon avec ou contre
ces discours, ces textes voisins, le plus souvent en rapport
direct avec eux, dans une situation de tension
dialectique qui permet à de nouvelles écritures d'advenir
et de s'imposer. Elle ne peut même que s'ouvrir
sans cesse à des variétés d'elle-même qu'elle semble
d'abord refuser, ou qui paraissent la contredire. Pour
être, elle doit toujours être exposée au risque de se
quitter, de se délaisser, et aller à la rencontre d'autres
champs de connaissance, d'autres disciplines, d'autres
moyens d'expression.