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1600 : les cités princières d'Italie voient naître la
musique moderne. Quelques années plus tôt, un
cénacle d'humanistes florentins a inventé l'opéra ; événement
phare, fondateur ! Alors aussi les jésuites, artisans
de la Contre-Réforme, veulent convertir les âmes
en offrant aux sens un art opulent, théâtral, exubérant
: celui que plus tard on appellera «baroque». La
France, à la fois séduite et réticente, prend ses distances
: Versailles n'est pas Venise.
Entre 1607, création de l'Orfeo de Monteverdi, et
1750, mort de Bach, c'est un siècle et demi de féconde
effervescence artistique. D'un côté, la séculaire
polyphonie chorale fait place au chant soliste : la déclamation
chantée, recitar cantando, transforme la conception,
l'esthétique, l'écriture musicales. D'un autre
côté, l'instrument acquiert un statut égal, pour le
moins, à celui de la voix qu'il accompagne en permanence.
On le pratique en solo, à plusieurs ou en
petit orchestre. Chanteurs et instrumentistes s'associent,
dialoguent, «concertent». Ainsi se développe
une mélodie à la fois éloquente et décorative, vocale
et instrumentale, moulée tantôt sur les intonations
de la parole, tantôt sur les rythmes des danses de cour.
Ce discours sonore relevé, mobile, expressif, utilise
les accords de l'harmonie tonale, que Rameau théorise
rationnellement.
De nos jours, les répertoires des XVIIe et XVIIIe siècles
fascinent les mélomanes. Il n'en a pas toujours été
ainsi ! Ce B.A.-BAde la musique baroque, après
avoir décrit en ses traits essentiels cette période historique,
relate la difficile survie de la musique dite
ancienne. Oubliée des classiques, en porte à faux par
rapport au romantisme, récupérée par le néoclassicisme,
elle connaît depuis 1970 une magnifique renaissance,
grâce aux efforts d'interprètes spécialisés, les
«baroqueux».