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Prince de Marcillac jusqu'à la mort de son père en 1650,
François VI, duc de La Rochefoucauld (1613-1680), a attaché
son nom presque exclusivement au recueil de Maximes publié
anonymement pour la première fois en 1664. Ce très grand
seigneur s'est pourtant signalé par bien d'autres faits.
Faits d'armes d'abord, puisqu'il sert le roi Louis XIII dans le
Piémont dès 1629, et deviendra sinon un fin tacticien, du moins un
vaillant guerrier, qui s'illustre en Flandre contre les Espagnols en 1646.
Faits politiques ensuite, puisque, sous la minorité de Louis XIV,
il prend une part active à la Fronde au côté de son ami et patron le
prince de Condé, et dans l'étroite proximité de la duchesse de
Longueville, qui fut sa tendre amie, peut-être son seul amour. En
1652, lors du fameux combat du faubourg Saint-Antoine si bien
raconté par Alexandre Dumas, il perd un oeil. Réconcilié avec Mazarin,
puis avec le jeune Louis XIV dont son fils devient favori, il se retire des
affaires, séjournant alternativement sur ses terres poitevines et à Paris.
Il dicte alors ses Mémoires, brefs et précis, puis se découvre un
talent pour ciseler, à l'antique, des aphorismes percutants, voire
cyniques, qui formeront le recueil des Maximes. C'est qu'il fréquente
assidûment les salons précieux, où jansénistes, libertins et femmes
d'esprit se rencontrent. Mme de Sablé, Mme de Sévigné, surtout
Mme de La Fayette, deviennent de très proches amies. Fort de son
expérience des hommes et des choses, observateur implacable des
pensées et des comportements, s'entourant de conseils et de lecteurs
avertis, le désormais vieux duc, perclus de rhumatismes, élabore ainsi,
presque malgré lui, une oeuvre qui l'installe parmi les plus grands
moralistes et écrivains de l'histoire.