Read more
La création de l'«Association d'hygiène mentale et de lutte contre l'alcoolisme
dans le 13e arrondissement», qui deviendra l'ASM 13, est le produit de l'engagement
psychiatrique, psychanalytique et politique de Philippe Paumelle,
Serge Lebovici et René Diatkine. Dès 1958, ils élaborèrent un «projet communautaire
en santé mentale à orientation psychanalytique» et développèrent pour la population
parisienne du 13e arrondissement (enfants, adolescents, adultes, personnes âgées)
des structures psychiatriques légères, implantées au sein de la communauté, privilégiant
les soins ambulatoires. L'enthousiasme pour leur action fut considérable et nombre
de leurs collègues se joignirent à eux (Colette Chiland, Myriam David, Jeanine
Simon...). Ainsi dans cette pépinière de talents et ce bouillonnement créatif, fut inventé
le secteur psychiatrique.
Aujourd'hui celui-ci se voit menacé par les contraintes économiques et gestionnaires.
Comment le soin - toujours gratuit et anonyme sauf exception juridique dans le secteur
psychiatrique - va-t-il pouvoir perdurer alors que «l'outil humain», facteur essentiel
du changement thérapeutique, est par définition coûteux en charges financières de
personnel ? Comment les missions de prévention vont-elles pouvoir continuer, quand
elles viennent en concurrence économique avec le soin ? Comment la notion de territorialité
va-t-elle faire bon ménage avec la politique de proximité communautaire que
défend la sectorisation ?
Les principaux acteurs du développement de l'ASM 13 apportent ici leurs contributions
pour relever le défi de penser, pour les années à venir, une organisation du soin en
santé mentale qui ne dévoie pas les principes essentiels et le souci de l'humain tout en
intégrant les données actuelles de notre société.