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L'École est un lieu politique : non seulement chaque société y
socialise ses enfants et y construit une forme de citoyenneté, mais des
jeux et enjeux de pouvoir traversent l'institution. Les crises sporadiques
qui agitent le système scolaire depuis une vingtaine d'années sont bien
plus que la traduction d'un désenchantement de l'école ou d'un «malaise
enseignant», lycéen ou étudiant. Elles sont à saisir comme symptôme
d'une crise de citoyenneté collective, d'une véritable crise du politique
dont la violence scolaire est la forme émergente.
Au fond, sous la polysémie des termes et des manifestations, c'est la
définition même qui pose problème : ce qui est qualifié de violence scolaire
par les médias, voire par les experts, infléchit la manière dont chacun
d'entre nous la conçoit et se la représente. Est-il possible, face à la
variété des actions individuelles et collectives, d'en donner une définition
univoque ? Toute coercition est-elle violence ? Tout pouvoir est-il violence
? Les mécanismes d'adhésion intime à la norme sociale ne sont-ils
pas des formes plus subtiles et plus efficaces de coercition ? Ou bien n'y
a-t-il coercition que lorsqu'il y a force ? Seules les formes de coercition
non légitimes sont-elles violentes ? Suffit-il qu'un acte soit qualifié de
violent pour le devenir ? Y a-t-il des caractères discriminants ? Le sentiment
d'insécurité grandissant est-il un bon indicateur de la montée de la
violence scolaire ?
L'auteur nous invite ici à un débat citoyen sur la fonction de l'École
dans une société confrontée à une implosion à la fois par le «haut» due à
la mondialisation et par le «bas» liée à des résurgences plurielles de
communautés. Cette rupture du pacte républicain n'est-elle pas à la
source des violences scolaires ?