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Le développement des recherches en nanosciences et nanotechnologies
est un objectif prioritaire à l'échelle mondiale. Ces technologies
sont en effet présentées comme un moyen privilégié
pour accéder à la révolution industrielle du 21e siècle. Dès lors, la
course s'intensifie pour s'en approprier la primeur et, par voie de
conséquence, les bénéfices économiques. Elles sont devenues le fer
de lance de la compétition économique entre pays industrialisés
et se situent pleinement, en cela, dans le cadre de la Stratégie de
Lisbonne de l'Union européenne et des divers rapports publiés sur
le sujet : nos recherches d'aujourd'hui feront - promet-on - nos
richesses de demain. Les dossiers consacrés à cette question par le
CNRS et le CEA en 2005 illustraient parfaitement l'implication forte
des organismes de recherche français dans le financement et le
soutien des recherches dans ce domaine. Ces dossiers témoignaient
également du déploiement, plus modeste mais bien réel, d'une
réflexion informée sur les dangers et les risques liés à ces nouvelles
technologies.
Pour une partie de la communauté de recherche, ces risques, au
premier rang desquels les risques sanitaires et environnementaux
liés aux nanoparticules et nanomatériaux mis sur le marché, doivent
être envisagés de manière distincte des politiques scientifiques
et technologiques attachées aux nanosciences et nanotechnologies
en général. Pour d'autres, ces deux thèmes ne peuvent pas être
totalement séparés, particulièrement lorsqu'il s'agit de régulation.
L'existence même de ces discussions illustre l'ambivalence des technologies
émergentes, pour lesquelles le cadre normatif pertinent ne
peut être que pluriel, intégrant, en amont et aux côtés des règles
juridiques de droit positif, des normes moins visibles mais tout aussi
cruciales, d'ordre éthique, sociologique ou économique. C'est ce
clair-obscur que des chercheurs en SHS se sont proposés d'explorer
dans le présent ouvrage.