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L'objet de cet ouvrage est de s'interroger sur les finalités du droit international présent
et passé. Le droit international, classiquement présenté comme un droit libéral de
coexistence et de coopération entre États, a été en fait depuis son origine un droit
également providence. Depuis son émergence au XVIIIe siècle en Europe, il s'est
imposé à l'ensemble de la société internationale (européenne puis mondiale) en ne
répondant pas seulement aux intérêts des États et à leur souci de stabilité ; il a aussi
été considéré comme une «providence», un droit interventionniste qui allait faire
accéder les peuples au bonheur et au bien-être. D'où le fait que le droit international
traduit originairement un modèle eschatologique sécularisé. Comme tel, il a pris sa
place dans les réponses qu'à partir du XVIIIe siècle les Européens ont cherché à
donner, en lieu et place du religieux, pour organiser une humanité considérée à la fois
comme une et comme divisée. Or ce projet originaire tend encore à animer l'ensemble
de notre monde globalisé post-guerre froide. Le droit international contemporain
n'est ni un droit strictement providence, ni un droit strictement libéral, mais bel et
bien un droit libéral-providence ; et dans l'association de ces deux finalités se trouve
l'une des clefs de sa signification et ce qui explique également en partie ses ambivalences
constantes.