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Lune : Quand je me suis assise, le premier jour devant le tribunal, je le savais, je ne sais pas comment l'expliquer, un truc dans le bide, une pression. J'ai cru que c'était de l'adrénaline, c'était presque euphorique comme sensation, surtout la première nuit, quand je me suis dit : « ça y est », « j'y suis » . Ce n'est même pas un « ça y est » heureux, c'est un « ça y est » inexprimable, un terrible mélange d'appréhension, d'excitation, de joie, de larmes, de doutes, de tout ce qu'il est possible de ressentir comme émotion mais en un seul shoot
La veille de mon arrivée au tribunal, j'ai eu peur. Une angoisse dans mon ventre qui remontait et coulait en dehors de moi, comme un vase qui déborde. C'était trop pour un seul corps. Trop pour une seule tête. J'ai cru que je ne tiendrais pas. Je me suis assise le premier jour devant le tribunal et c'était fini
Mon corps était verrouillé à double tour
L'adrénaline, quand tu rentres tard le soir, ce n'est pas le cerveau qui la déclenche, c'est une pulsion inconsciente qui te chuchote que tu risques ta peau ici. Et c'est exactement ce que j'ai ressenti à partir du premier jour. C'est juste que je ne m'attendais pas à... ça. On ne s'y attend jamais, je suppose ?
Lune Bogaert décide de déposer plainte contre l'Etat pour inaction envers l'égalité homme-femme. Le jour même, elle commence un sit-in devant le tribunal en signe de protestation. Elle entame ensuite une grève de la faim.
Son acte politique, largement médiatisé, bouleverse l'intimité des autres personnages : la secrétaire qui a accueilli sa plainte et son avocat, un maître du barreau qui a accepté de la défendre gratuitement.
A travers le point de vue des trois personnages, la pièce tisse une toile entre intime et politique autour d'une figure féminine centrale, sorte de pilier au milieu du tumulte. Motrice du changement, Lune Bogaert incarne un monde en mouvement qui soulève bien des questions.