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En s'intéressant au sort de ses patients en dehors de son cabinet
dans le contexte social qu'il partage avec eux, l'auteur tente de
repérer, décrire et définir les situations sociales susceptibles de remplir
des fonctions défensives pathologiques, situations qu'il nomme
syndromes psychosociaux.
Les syndromes psychosociaux correspondent à des comportements
collectifs, ils répondent à des angoisses profondes partagées par la
collectivité, dont les origines réelles sont inconscientes. Un caractère
spécifique les différencie des mécanismes de défense névrotiques et
psychotiques et les rapproche plutôt des mécanismes pervers : leurs
protagonistes en tirent du plaisir, et pourtant ils provoquent des dommages
aux autres et à eux-mêmes. Enfin, leur mise en oeuvre et la
transmission de leurs modèles s'opèrent essentiellement à travers les
systèmes éducatifs de groupe.
L'auteur soutient que la psychanalyse et les institutions psychanalytiques
doivent montrer le chemin d'une révision critique des modes de
vie collectifs, et surtout ne pas oeuvrer dans le sens de la normalisation
des pathologies. Le prétendu pessimisme freudien a souvent été
utilisé pour endormir l'esprit critique qui avait été insufflé à la psychanalyse
par Freud lui-même. Dans la suite de Freud, d'Otto Kernberg,
Di Chiara reprend à son compte «l'application pragmatique des
connaissances psychanalytiques aux problèmes sociaux, dans un but
de prévention des comportements destructeurs» (Kernberg, 1994). Il
s'appuie en cela sur la théorie et la pratique de l'analyse de groupe
qui permettent de révéler les connexions entre les psychismes subjectifs
et le corps social.