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Le vécu et l'engagement des femmes qui s'expriment dans ce livre évitent les
clichés car leur «féminisme» repose sur la conviction que la meilleure relation
entre hommes et femmes ne peut se fonder que sur l'égalité et le respect mutuel.
Il est en effet impossible pour ces femmes de dissocier les idées des pratiques qui
donnent sens à leur vie dans une région élargie - le Moyen-Orient - qui s'avère
d'une importance clé pour l'avenir proche. De leurs témoignages, il ressort que
la domination que subissent les femmes dans le monde n'a pas son origine dans
la ou les religions. Qu'il soit chrétien, juif, musulman ou autre, le système de
croyances religieuses cautionne cette domination et l'instrumentalise à des fins
politiques. Certaines ambiguïtés doctrinales des textes «sacrés» permettent
également d'avancer l'idée que les religions pourraient s'adapter aux changements
des relations entre les sexes. Il suffit d'observer la géométrie variable
de la domination masculine selon les conjonctures sociales et politiques pour
comprendre que la religion ne fait que refléter des relations de pouvoir tout à la
fois socio-économiques et sexuelles.
Ce livre est une reconnaissance des femmes qui luttent dans des conditions qui
dépassent largement en gravité celles des Européennes. Pourtant la lutte est la
même et, malgré une liberté apparente en «Occident», on ne peut prétendre être
en avance dans la marche vers l'égalité.
Lorsque l'on pense à Christiane, ce n'est pas une, mais plusieurs choses qui
viennent à l'esprit. C'est d'abord sa passion pour l'autre rive de la Méditerranée
et ses cultures. Elle y a vécu, travaillé et créé... Et cette passion pour les pays
du pourtour méditerranéen ne s'est jamais éteinte. Et c'est ici son engagement,
féministe, libertaire, associatif, syndicaliste. Et là aussi, lorsqu'elle s'engage,
c'est avec ardeur. Son émission sur Radio libertaire lui permet de donner la
parole à celles et ceux dont on n'entendrait pas la voix s'il n'y avait que les radios
officielles. Dans les «Chroniques rebelles», on entend des artistes, des écrivaines,
des féministes, des historien-nes, des cinéastes, des éditeurs et éditrices... engagé-es
ou non, car l'ouverture d'esprit est essentielle pour elle. Christiane est à
l'écoute des autres, curieuse de la diversité des cultures et des opinions.
Et ces entretiens avec Arna Mer-Khamis, Nawal Al Saadawi, Lea Tsemel et
Michal Schwartz en sont une belle illustration.
Mydia Portis-Guérin, réalisatrice France Culture