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La Lampe Tempête déploie les paysages entrelacés du ciel et
de la terre de Pradelles, en Haute-Loire. La fulgurance sans
bruit du chalin délivre une prose embrasée de la passion de celui
qui désire la ressentir avant de disparaître. L'invocation du pays
résonne de l'étreinte maternante de l'éclair et de son crépitement
étoilé, émaillé de patois. À cette ligne d'amour profond fait écho
la voix aux prises avec ses contemporains qui ne se résigne pas
à la disparition annoncée de l'Histoire, dont elle ne connaît que
trop les artifices baroques des représentations. Elle dit la souffrance
d'énigme scellée dans cette faillite à restituer la présence
inspirée des paysages d'ombre et de lumière dans les organisations
humaines.
Georges Hilaire revisite la ligne d'écriture de son temps
en poète, agitateur et prophète. Il introduit le mouvement de
l'hésitation dans le déroulement narratif, avec la lucidité d'être
aux prises avec une misère humaine à laquelle il tend les bras.
Une poussée qui s'exerce sur l'enveloppe historique ébruite le
refus de lisser les transitions entre la permanence maternante
du paysage et une souillure sans nom convoyée par notre temps
qui n'en finit pas de l'affecter. Du fond de cette impureté qui
disgracie le bavardage littéraire, nous parviennent les échos de
la voix obstinée et douce de Pasolini, invoquant le recours à une
existence rivée au-delà d'une destinée personnelle, faite de pur
amour.
Andrea Iacovella