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De plus en plus, dans tous les secteurs de la société, au
travail, dans les relations entre groupes sociaux ou entre traditions
culturelles ou religieuses, entre les sexes ou les générations, dans les
rapports à l'État et l'administration, ou même en famille, les individus
se sentent mal ou guère reconnus. Ils aspirent à la «reconnaissance»,
nouveau maître mot. De même au plan collectif : durant
les deux derniers siècles, les luttes sociales se sont massivement
présentées comme des luttes pour la redistribution de la richesse ;
elles apparaissent principalement aujourd'hui comme des luttes
pour être reconnus.
La thématique de la reconnaissance est ainsi devenue centrale
en sociologie ou en philosophie politique, comme elle l'est dans la
réalité même. Une société juste, pense-t-on maintenant souvent,
est celle qui accorde à tous la reconnaissance sans laquelle nous ne
saurions vivre. Mais pouvons-nous tous être reconnus, et reconnus
à égalité dans nos singularités ? Qu'est-ce qui anime la demande
de reconnaissance ? Et l'offre de reconnaissance, par les médias,
les directions d'entreprise ou les appareils politiques, n'est-elle
pas souvent illusoire et manipulatrice ? Qu'est-ce alors qu'une
reconnaissance authentique ?
Sur tous ces points brûlants, cet ouvrage apporte le diagnostic
et les réponses de sociologues connus (et reconnus) et soulève une
question insolite : l'étude des luttes de reconnaissance n'est-elle pas
l'objet par excellence non reconnu de la sociologie, celui qui fonde
son identité disciplinaire ?