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Willi Gautschi et la grève générale de 1918
Un historien et son oeuvre en contexte
Est-il légitime d'organiser des grèves et des manifestations en Suisse, ou faut-il privilégier les élections, le référendum et l'initiative populaire ? L'interprétation de la Grève générale de 1918, qui met 250 000 grévistes dans les rues face à 100 000 soldats, est au coeur de cette question. Longtemps, le récit dominant en faisait une révolution bolchévique manquée. Mais à partir des années 1960, les historien·ne·s ont insisté sur la détérioration des conditions de vie des classes ouvrières, sur l'autoritarisme du gouvernement et sur la volonté d'affrontement de l'armée.
Le travail de Willi Gautschi, le premier à mobiliser des archives historiques, occupe une place importante dans cette réflexion : aujourd'hui encore, ses livres servent de référence. Pourtant, ils ne sont pas sans biais interprétatifs majeurs, révélateurs des débats sociopolitiques de la « société du consensus » des Trente Glorieuses, de l'ouverture post-1968 et de sa trajectoire individuelle.
En se penchant sur les archives personnelles de Willi Gautschi, ce livre étudie la façon dont l'histoire est écrite et comment elle s'insère dans les débats contemporains. Car interpréter la Grève générale de 1918, c'est se prononcer aussi sur les grèves et les manifestations de son temps - aujourd'hui sur les grèves féministes, pour le climat ou pour de meilleures conditions salariales.
