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« À s'aventurer là, les jambes se dérobent et l'on croit perdre son territoire intime. La parole n'y est que du vent dans du vent. Car on ne parle vraiment que depuis chez soi, lorsqu'on n'a rien à conter que la cour forclose où l'on tourne. Alors la voix est le seul espace respirable. »
Avec Les hauts du bouc & autres nouvelles, Tristan Félix nous embarque à bord d'une mémoire hantée par les métamorphoses d'un animisme primitif. Les vents d'Irlande, de Bretagne, du Cotentin, de Normandie mais aussi les miasmes des villes attirent ses pas de randonneuse en alerte. L'auteure nous offre une chronique d'un monde onirique adossé au nôtre, en vingt-cinq proses poétiques qui ébranlent notre conscience du vivant, nous plongent dans un vertige propre à révéler la faille qui nourrit notre angoisse comme notre émerveillement devant la fragilité de la vie. Le théâtre de la mort n'est jamais loin : animaux ou créatures à la lisière de l'humain - gargouilles, anges, esprits, chimères... - deviennent intercesseurs entre les mondes.
Tristan Félix est ici au sommet de son art, un art qui cultive l'échange, l'étrange, le brut et le ciselé, dans lequel des êtres venus d'ailleurs tentent de guérir qui s'y frotte, au coeur d'un univers chamanique à la fois inquiétant et jubilatoire, entre théâtre de me intérieure, cabinet de curiosités et cirque poétique.
