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Dans les éprouvettes des biologistes de la
reproduction, les cellules sexuelles mâles et femelles
sont équivalentes : 1 ovocyte = 1 spermatozoïde,
chacun amenant la moitié des gènes du futur
embryon. Fruit d'une démarche scientifique qui
réduit la complexité à une série de mécanismes
simples, cette égalité séduisante fait abstraction du
corps et vient paradoxalement renforcer la différence
des sexes. En amont de la fécondation in vitro, les
organismes féminins sont en effet soumis à des
traitements lourds pour fonctionner sur le modèle
masculin et produire en abondance des gamètes qui
seront ensuite recueillis in situ, par ponction.
Les articles réunis dans ce recueil permettent
de suivre à la fois l'évolution des techniques et les
interrogations qu'elles suscitent. Qu'il s'agisse de
l'économie de la gestation ou de la reproduction,
des dérives eugénistes et des prodigieux avantages
à attendre des progrès de la science, des égarements
moralistes de la bioéthique, de l'identité sexuée et
de la définition des catégories de sexe, la question
du corps est ici au centre du propos. Hélène Rouch
l'examine dans la perspective clairement située qui l'a
conduite à jouer un rôle actif dans le développement
des études et recherches féministes. Les corps, ces
objets encombrants rend justice à cet engagement.
Composé de textes écrits sur une période de trente
ans, il vise aussi à restituer, pour partie, le parcours
intellectuel et politique d'une scientifique à la
critique exigeante.