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Cette longue nouvelle, court récit selon les proportions des romans de Scott, est extraite des Chroniques de Canongate (1827) et a été fréquemment rangée dans le genre de ses contes fantastiques. À moins de qualifier ainsi l'obstination de caractère dont témoigne la Veuve d'un Highlander qui en et le personnage principal, c'est plutôt comme un portrait de psychologie sociale et historique que ce texte peut être lu. Si les mythes et traditions légendaires sont évoqués comme les ombres portées d'une nature sauvage, ils ne sont pas accrédités ni en effet remis en scène. Ils sont toujours relativisés, situés en perspective par une raison tempérée qui s'est étendue depuis l'époque de ce drame, la seconde moitié du XVIIIe siècle. La tension contradictoire entre ces deux univers mentaux forme le thème essentiel du récit, surtout à travers l'incapacité des personnages à admettre l'évolution d'une société clanique et indépendante vers un assujettissement par un État civil mais brutal. Le souvenir collectif de la bataille de Culloden en 1746 et de sa longue et terrible répression hante littéralement la Veuve réfugiée à l'abandon dans une misérable cabane. L'antagonisme irréductible et désespéré qui l'anime jusqu'à la tragédie témoigne de la béance enracinée par la cruauté historique entre les groupes humains.