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Margot : Une journée d'école, et tu en as encore brodés plus qu'hier. Toujours plus. C'est trop, Maman, ce toujours plus. C'est trop de petits mouchoirs brodés. Il faudrait que tu essayes d'en broder un peu moins.
Je t'ai déjà expliqué : chaque jour, tu en brodes un de moins. Un de moins, ce n'est pas un déplus. Tu devrais retourner à l'école avec moi : les mathématiques, ça n 'a pas l'air d'être ton point fort.
Si je vide les armoires, ce n'est pas pour les remplir à nouveau. Il faut que tu sois raisonnable. On ne peut pas vivre avec tous ces petits mouchoirs si près de nous. Je suis encore arrivée en retard à l'école aujourd'hui et la maîtresse ne veut plus m'entendre dire que c'est à cause des mouchoirs brodés que je range à longueur de temps.
C'est vrai que, cette fois, j'ai discuté un peu en chemin et que ça n 'a rien arrangé. Du coup la maîtresse était drôlement fâchée. Elle a dit que ça n'allait pas du tout. Surtout qu'aujourd'hui j'avais la brouette au lieu de mon cartable. Et elle a menacé : si ça continue, elle va envoyer le service d'aide sociale à la maison. Tu sais ce que ça veut dire, le service d'aide sociale, Maman ? ...Ça veut dire qu'ils me mettront dans une famille d'accueil et que tu te retrouveras toute seule avec tous tes mouchoirs.
Les petits mouchoirs brodés, il faut que ça s'arrête un jour, Maman !
Margot transporte, du haut de ses dix ans, des brouettes entières de mouchoirs brodés par sa mère infirme et muette ; elle les cache au fond d'un arbre creux pour éloigner le chagrin.
De leur côté, une louve et son petit, en quête de nourriture, ont dressé soigneusement la table dans l'attente d'une nouvelle proie qui ne vient pas.
Quant à Tom, il cherche partout son petit Eliot qui s'est aventuré seul dans la forêt malgré toutes les recommandations.
Trois histoires qui se croisent inéluctablement...
