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Théâtre de l'Est parisien
Fanny : Pourquoi tu te tais comme ça, Papa ?
Claudine : Il fait une expérience sur la vibration immobile. Il tente de démêler l'hiver de l'automne et la campagne de la ville. Ou l'inverse peut-être. Il répertorie le silence. Dommage collatéral du chômage et de l'insomnie, j'imagine.
Fanny : Il ne veut plus parler ?
Claudine : Ça fait plusieurs jours qu'il ne dort plus et il n'a pas dit un mot depuis que je suis rentrée du boulot. Ton père est têtu, de l'ordre du minéral.
Fanny : Il a encore ses indemnités de licenciement ?
Claudine : Encore une phrase comme ça et je te fous dehors pour toujours.
Fanny : Je dois trente mille euros, Maman.
Claudine : C'est un an de mon salaire brut à huit heures par jour plus les transports et avec le treizième mois. Tu veux un chèque ou tu préfères du liquide ?
Ça se passe dans notre ville, à deux pas de chez nous. Le travail, l'argent, le corps. Tout s'articule et se tient depuis des lustres. Combien de livres de chair nous coûte notre salaire ? Alain, à cinquante ans passés, vient d'être licencié et veut comprendre pourquoi le monde ne marche plus droit. Claudine, sa femme, part travailler tôt le matin et rentre tard le soir. Fanny, leur fille, n'a d'autre choix que de mettre son corps et sa liberté au centre d'un drôle de « contrat de travail ». Quant à Monsieur X...
