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Suzy s'est laissé convaincre, un peu par
hasard, de correspondre avec un
prisonnier américain attendant dans un
de ces fameux « couloirs de la mort » au
Texas.
Peu à peu, leur relation épistolaire se
transforme en relation amoureuse et en
combat pour faire suspendre le compte à
rebours de l'exécution.
Sensible à la déshumanisation de la
société contemporaine, l'auteur rencontre
Suzy, qui a fini par épouser Franck. Elle
lui raconte les premières lettres
échangées, leur premier regard, leurs
premières paroles...
A travers un texte jalonné de
témoignages et d'envolées poétiques,
Didier Poiteaux explore avec subtilité,
simplicité et humour la rencontre entre le
théâtre et le documentaire.
Moi : Tout d'abord, merci pour
cette rencontre. Alors j'ai lu votre
livre dans le cadre d'un projet de
seul en scène qui traite de la peine
de mort, et plus généralement
d'être humain. Votre histoire m'a
interpellé. (...) Vous pourriez
m'expliquer comment la question
de la peine capitale s'est ancrée
chez vous ?
Suzy : Le premier choc, c'est
l'affaire Ranucci. On ne se rend
plus compte aujourd'hui, mais faut
imaginer l'époque. Celle de
Giscard d'Estaing, c'est la censure.
Je participe à des manifs au lycée.
J'étais déjà engagée, vous
comprenez ; souvent les jeunes
aujourd'hui sont spectateurs de
leur vie, moi je leur dis : faut être
acteur de sa rie. Et quel que soit
l'engagement d'ailleurs.
Moi : Et comment vous est venue
l'envie d'écrire à Franck ?
Suzy : Bêtement. Une amie - une
amie que je n'avais plus vue depuis
longtemps en plus - m'invite à une
soirée et j'y vais. J'y croise un
juriste avec qui je discute ; dans la
conversation, il me convainc de
correspondre avec des condamnés
et il me donne trois noms.
J'écris trois lettres, toutes simples,
que je finis par oublier finalement.
Et puis, la première réponse que je
reçois, c'est celle de Franck. Je ne
sais plus ce qu'il y avait dans sa
lettre, depuis le temps, mais je me
souviens de la sensation.
Moi, j'avais juste envoyé une lettre
simple et je reçois celle de Franck
dans laquelle il se dévoile
pleinement, complètement, avec
humour aussi, un humour noir.
J'aime l'humour noir.