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L'entrepreneur
: Vous êtes un pessimiste, vous. Je me le suis tout de suite dit en vous voyant.
Pétrone
: Au contraire, je suis l'être le plus optimiste que je connaisse. Seulement je suis né à un moment où l'époque était au scepticisme, l'air n'était pas au doute, non, il puait la merde.
L'entrepreneur
: Oui... Pour les odeurs il faut s'attaquer directement au coeur du problème : les canalisations. Ça ne peut pas provenir d'ailleurs. Si ça refoule, ça vient de vos tuyaux.
Pétrone
: Ça doit être ça.
L'entrepreneur
: Mais je ne crois pas que ça vaille la peine de faire des travaux avant de la vendre. Vous n'y gagnerez rien, pas de plus-value possible avec une carcasse pareille.
Pétrone
: Le temps l'a déglinguée, rendue de traviole. Le temps et mon père. Il était architecte.
L'entrepreneur
: Vous vous moquez?
Pétrone
: Pas du tout.
L'entrepreneur
: Vous savez ce qu'on dit des cordonniers...
Pétrone
: Non.
L'entrepreneur
: Aucune importance.
Pétrone
: Il a toujours tout fait de travers. A commencer par moi.
Quelque part en Belgique, dans une région où les terrils sont des montagnes, la pièce raconte l'histoire douloureuse de Pétrone.
Né dans les années 90 sur une terre épuisée par l'ère post-industrielle, il hérite à vingt-cinq ans de la maison familiale passablement délabrée, à l'image de la région.
Vendre ou restaurer ? L'entrepreneur qu'il a convié est formel : vendre au prix du terrain. Mais Pétrone hésite : chaque mot, chaque geste le renvoie aux scènes de famille qu'il a vécues.
Finalement, entre les travaux à lancer et les souvenirs à préserver, ce chef de chantier d'un jour sent qu'il va devoir décider ce que, à son tour, il veut laisser derrière lui...
