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Fado : Des fleurs, cueillies par brassées sur la route.
Jazz : Tu aurais pu prévenir, quand même.
Fado
: Ça fait un an, j'ai pensé que Vassil aimerait être entouré.
Jazz
: Tu préviens toujours quand tu pars, jamais quand tu rentres. C'est pas possible de fonctionner comme ça.
Fado
(tend les fleurs à Rita) : Cadeau. Pour la cuisine, je me suis dit.
Rita : C'est beau, c'est beau, merci. Tu nous raconteras ?
Fado : Ces dernières semaines, j'ai souvent vu ce château fort dans mes songes...
Rita : Il faut qu'on te dise : ça fait quelques semaines, on a souvent des visites, ils fouinent partout. La zone commerciale, là-bas, se rapproche de jour en jour. Il faudra se battre cette année.
Fado : Qui a repris la trésorerie, finalement ?
Jazz : Fado, soyons claires, tu ne peux pas repartir avant cet automne. Sans Aurore déjà, et toi qui pars quand tu veux. On ne peut pas tenir ce lieu juste nous cinq. Ça ne marche pas. On ne se laisse pas faire, mais cette année plus que les autres, il faut rester ensemble.
Fado : Tu peux compter sur moi.
Au pied d'un vieux château fort, un chapiteau et des roulottes sur un emplacement loué à la ville à deux pas d'une zone commerciale en pleine extension.
Une troupe de comédiens fatigués accueille des spectateurs de plus en plus clairsemés et leur raconte des histoires, les mêmes depuis fort longtemps.
Sous le regard amer et caustique de leurs vieux animaux, ils s'affairent à raccommoder encore et encore la toile de leur chapiteau tandis que le temps et les aléas de la vie font leur oeuvre.
Mais Jazz, reine incontestée du lieu, n'en démord pas : malgré les accidents, les départs, les mauvaises nouvelles, les caisses vides et les loyers impayés, il faut rester, à n'importe quel prix.
