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Rotroldiques
À la manière de toutes les créations dignes de ce nom, Rotroldiques est un texte sans concession. Bien qu'il nous fasse immédiatement penser aux Bucoliques et Géorgiques de Virgile, son titre étrange nous fait entendre qu'il sera là question de ce qu'il y a de relatif et même de propre à Rotrou, à la petite commune de Nogent-le-Rotrou et son histoire, ainsi qu'aux quelques personnages à surnager vainement dans ce décor parfaitement dévasté et sinistre à loisir. Rotroldiques est également un texte diablement maîtrisé, sous la houlette de Bernard le Clunisien, moine au prieuré de Nogent-le-Rotrou, au milieu du XIIe siècle, parmi les plus brillants poètes latins et défenseur inébranlable d'une tradition morale et spirituelle du plus haut rang. Texte subtil et sagace, Rotroldiques relate ainsi la piètre épopée de quelques égarés modernes s'enfonçant clopin-clopant à hauteur de leurs faiblesses, de leurs infirmités, de leurs aveuglements, dans l'obscurité la plus funeste. On y perd donc la vue, et non pas uniquement le sens de la vue dont l'oeil est l'outil par nature, mais également les vues de l'esprit, du coeur, de l'imagination, les vues de toutes les espérances, l'ensemble ne formant plus bientôt qu'un vaste trou noir où tout bascule, parfaitement avalé. Il faudrait là peut-être en appeler au mot : Précis, entendu comme le sommaire ou l'abrégé de ce qu'il y a de principal et de plus essentiel dans une science, un savoir, une histoire, comme dans cette histoire : Rotroldiques, conduite au fil d'une écriture tranchante et qui nous donne à découvrir, sans détour, de manière transparente, l'un des petits épisodes, parmi l'infinité des autres, de notre condition d'animalcules.
