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Instant karma !, la chanson de John Lennon résume à elle seule le tournant
des années 1970 où se croisent, en Occident, protestation sociale et culturelle,
renouveau religieux et fascination pour l'Orient. Cette attirance n'est pas
nouvelle. Mais avec la contre-culture de cette décennie, elle ne passe plus par une
connaissance intellectuelle ou une inspiration artistique, mais par l'adoption de
valeurs religieuses et l'expérimentation de leurs pratiques. Quarante ans après,
ces mouvements religieux enracinés dans l'hindouisme subsistent encore, et une
mosaïque de pratiques dites orientales se répand et alimente la société de
consommation : on est entré dans l'ère du Karma Cola, selon G. Mehta,
essayiste indienne qui, déjà en 1979, annonçait la globalisation et la commercialisation
de l'«Orient».
La séduction que suscitent les «spiritualités orientales» s'exprime notamment
par le succès de gurus indiens. Parcourant le monde pour propager leur
enseignement et transplanter des ashrams, ils ont su créer des mouvements
religieux planétaires. En prenant pour cas d'études le Siddha Yoga et les Centres
Sivananda de Yoga Vedanta, ce livre offre une analyse inédite de la diffusion des
pratiques et des valeurs se référant à l'hindouisme. Il analyse la manière dont ces
mouvements religieux acquièrent une dimension transnationale, et l'accueil qui
leur est fait en France et en Angleterre. Apparaissent alors les affinités entre
hindouisme et renouveau du croire, à travers différentes manifestations : refus
des formes extérieures du religieux, spiritualité utilitaire, intériorisation, religion
«expérientielle», concordances avec la psychologie.
L'engouement persistant pour ces fragments d'«Orient mystique» révèle des
caractéristiques de la sensibilité religieuse contemporaine, et conduit à reconsidérer
la place de la mystique dans la modernité.