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La démocratie européenne est malade. Les États se déchirent, les citoyens
se méfient, les élites n'ont plus de projet. Pourtant l'Union européenne entre
dans une phase cruciale : entrée de dix nouveaux pays, élection du Parlement
européen et adoption prochaine d'une constitution. Comment faire en sorte
que cette nouvelle étape ne soit pas la dernière ? Comment redynamiser la
démocratie européenne ? En animant un débat européen, répondent les
institutions européennes. Mais peut-on faire dialoguer des peuples n'ayant ni
la même langue ni les mêmes partis politiques ni la même histoire ? De quelle
manière développer une communication politique à l'échelle d'un continent ?
Tel est le défi, impossible, que doit relever l'Union européenne.
La cause première de l'impossibilité actuelle d'une communication
politique européenne n'est ni stratégique ni technique, mais politique : c'est
l'équilibre entre idéologie et utopie, intégration politique et critique politique,
qui garantit l'équilibre démocratique. Or l'utopie pacifique européenne s'est
résorbée dans le marché unique. Quand n'existe pas de projet politique
alternatif à la société mondiale de l'information, quand le futur n'est plus riche
de promesse, on se tourne vers le passé, et de vieux démons ressurgissent :
en l'occurrence, une nostalgie xénophobe qui vient compenser l'insécurité
économique par la sécurité identitaire. Du coup, la démocratie est en danger,
moins à cause de la domination d'une idéologie contestable qu'en raison de
l'absence d'une utopie forte et formalisée. Notre avenir politique se joue
dans les luttes quotidiennes des associations, derniers vecteurs d'utopie.