Read more
Cadres emblématiques par excellence, les territoires d'États et de
capitales s'offrent en tableaux captivants de l'inscription dans
l'espace et dans le temps du sort des sociétés et des personnes qui s'y
retrouvent au détour de mille parcours individuels et collectifs. Tantôt
muraille de protection, tantôt clôture d'internement, leurs frontières
jamais véritablement acquises rappellent qu'en matière de géographie et de
dynamique sociale, les équilibres connus ne sont que des équilibres sous-tendus.
Leur pérennité ne relève que d'une perpétuelle renégociation où,
derrière d'apparentes constantes, nombre d'hommes et de choses changent
ou s'échangent.
Le Cameroun et Yaoundé sont à ce titre de remarquables exemples.
Riche en péripéties, l'histoire pourtant relativement courte de ces deux
territoires existentiellement interdépendants présente une surprenante
densité en questionnements sociaux, politiques et géographiques.
Ce n'est toutefois pas en historien que l'auteur de cet ouvrage entraîne son
lecteur dans l'aventure passionnante de la recherche des raisons de l'«être-là»
du Cameroun et des Camerounais. Son angle d'attaque est d'abord
géographique : pourquoi là ? ou pourquoi pas ailleurs ? L'entreprise de
quête du savoir menée dans ce livre, qui semble raconter comment tout a
commencé, devient alors d'autant plus envoûtante que rien ne s'y tient
pour acquis. C'est avec liberté, mais attention et vigilance que descriptions,
démonstrations, rappels historiques, relectures politiques... rendent
compte du Cameroun, pays récent, et de sa capitale, Yaoundé, laborieusement
instituée depuis seulement trois quarts de siècle. On y découvre
un monde à la recherche de sa modernité, où des lieux mythiques s'ouvrent
sur l'enchevêtrement de parcours humains et de trajectoires sociales et
économiques toujours inachevées.
À quoi sert une capitale d'Afrique tropicale ? À relever le défi local de
l'intégration, «local» pouvant représenter ici tout autant le village, la ville,
le quartier, le pays, l'État que le Monde.