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Cet ouvrage éclaire un aspect méconnu de l'histoire de l'un des plus grands groupes industriels français des XIXe et XXe siècles, la société Schneider et Cie fondée au Creusot en 1836. Il est centré sur la naissance et le développement d'une nouvelle pratique : l' «ingénierie», c'est-à-dire l'ensemble des plans et études permettant d'examiner les modalités de conception les meilleures, les conditions de rentabilité optimales ou les matériels les mieux adaptés.
Cette pratique, clé de la croissance et de la prospérité de ce groupe, a pris forme et s'est affinée dans l'enchaînement des décisions et des actions des dirigeants, dans les transferts de technologie entre les différents départements du groupe durant dix décennies : d'un système fondé sur l'acier et le chemin de fer (1830-1882) à un autre alimenté par le pétrole et la chimie (1920-1949) en passant par l'acier et l'industrie d'armement (1870-1920) et l'électricité (1885-1949).
L'ingénierie qui mobilise un capital humain important, valorisant le rôle des ingénieurs tant sur le plan de la recherche que de l'organisation, intégrant les laboratoires et constituant des points de convergence entre compétences techniques et financières participe pleinement à la stratégie globale du groupe. Schneider et Cie devient ainsi un centre de «veille technologique», les scissions du groupe en de nouvelles entreprises ne mettant nullement en cause la structure de l'organisation mais renforçant la séparation conception-production mise en place à la veille de la Première Guerre mondiale.
Cette étude originale, s'appuyant sur les archives de l'entreprise, constitue un apport fondamental à la connaissance du groupe, car elle laisse entrevoir à travers l'adaptation aux innovations techniques un modèle français d'organisation dont Schneider serait l'archétype.
