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Pierre Michel (1703-1755) est l'un de ces esprits mutins qui ont
tant oeuvré aux temps modernes pour répandre les Lumières.
Historien et chronologiste connu dans les milieux érudits, il publie en
1733 la première partie d'un Système chronologique sur les trois
Textes de la Bible, avec l'Histoire des anciennes Monarchies,
expliquée et rétablie. Il propose dans cet ouvrage une nouvelle
chronologie biblique établie par amalgame des textes hébreu, grec
et samaritain, tous trois également fautifs. Il y enseigne aussi que les
livres de Moïse s'inspirent des écrits des anciens Ghaldéens ; par
suite, le Dieu biblique n'aurait fait qu'arranger une matière existant
de toute éternité et Adam serait en réalité le premier des rois de la
dynastie chaldéenne. Les jésuites ont dénoncé ces écarts dans les
Mémoires de Trévoux, ce qui a empêché l'impression de la seconde
partie de l'ouvrage. Michel n'a plus rien publié, et pour cause, les
écrits qui nous restent de lui sentant le libertinage. En effet, une
longue Dissertation sur les 70 semaines de Daniel nie que le
prophète annonce la mort du Messie des chrétiens : il raconterait
plutôt les événements arrivés sous le règne d'Antiochos Épiphane,
au temps de la révolte des Maccabées. Il enlève par là à l'apologétique
chrétienne l'une de ses armes les plus puissantes dans la dispute avec
la critique juive. Une seconde Dissertation où l'on prouve contre le
P. de Colonia jésuite que l'on ne peut par le témoignage des auteurs
payens établir la divinité de J. C. et la vérité de sa religion se penche
sur le témoignage des païens, grecs ou romains et chinois, pour
mettre en cause la signification de l'éclipse prétendument survenue
au moment de la Passion.