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Nous nous trouvons aujourd'hui dans un contexte où la bipolarisation Nord/Sud n'a plus le même contenu géopolitique et n'est plus le clivage principal qui marque la planète. La coupure « riches/pauvres » traverse les frontières nationales ; l'opposition centres/périphéries a perdu de son pouvoir explicatif des échanges inégaux ; les élites dominantes se recomposent en même temps que les alliances. Pourtant, le problème du sous-développement demeure. Dans ce contexte, les politiques de coopération qui se perpétuent, certes avec des moyens financiers publics en baisse, n'ont plus le même contenu ni le même sens.
La nouvelle géopolitique impose de renouveler la justification et la perspective politique des pratiques de coopération. La perspective politique qui est proposée (à des degrés divers, par le gouvernement français, l'Union européenne, la Banque mondiale, etc.) se réfère à des exigences lourdes de sens (démocratie, décentralisation, État de droit, lutte contre la corruption), mais le caractère de plus en plus consensuel et souvent formel de ces exigences, comparativement à la mise en pratique, annule une partie de leur portée politique.
Si nous devons renoncer à « changer le monde », il ne faut pas pour autant se résigner et s'abstenir de réformer les règles des « systèmes », même démocratiques. La coopération au développement, qui combine recherche et action, reste un domaine privilégié de ce travail de réforme.