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«Matisse plus Rouault égalent vingt-cinq mille tanks»... Cette formule à l'emporte-pièce de Jean Davidson, correspondant à Washington en 1945, résume le credo de la diplomatie française d'après-guerre. Mais l'affirmation vaut-elle démonstration? Si le prestige culturel est sans conteste lié à la puissance et au rayonnement d'une nation, dans quelle mesure et jusqu'à quel point permet-il de défendre les intérêts d'un État, voire d'atteindre, dans certaines circonstances, un but politique précis?
C'est à travers l'analyse de la programmation artistique - essentiellement musicale, picturale et théâtrale - que l'auteur évoque ici les réalisations de la diplomatie culturelle de la France outre-Atlantique. De Copeau à Barrault, de Monteux à Milhaud, en passant par Lifar et La Joconde, l'art mis en scène, entre 1915 et 1969, gagne progressivement ses lettres de noblesse aux yeux des locataires du Quai d'Orsay. Et si la fin des années 1960 marque le terme d'une ère prémédiatique de la culture et annonce la redéfinition de l'action culturelle extérieure (celle de la France, comme celle de tous les États modernes), elle ne met cependant pas un terme à l'existence de cette facette mal connue des relations transnationales.
Situé au croisement de l'histoire des relations internationales et de l'histoire culturelle du contemporain, cet ouvrage résolument pluridisciplinaire tente d'élargir les approches et les perspectives. Il montre la fécondité d'un questionnement qui emprunte tour à tour à l'histoire, à la sociologie et à l'histoire de l'art.
