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La Voyageuse se présente, entre autres, comme un roman sur la dualité.
Dualité de Bozana dite Boba, la tante, l'autre, «Elle», qui a été déportée lors
de la Seconde Guerre mondiale dans un camp de concentration dont elle
n'est jamais revenue, et de sa nièce, Boba, qui ne l'a pas connue car née
après sa disparition.
De cette dernière, narratrice de la première partie, nous suivons la «Première
enfance» à Londres, où son père a été affecté en tant que correspondant
d'un journal yougoslave, ce premier exil ponctué de découvertes,
d'étonnements, de peurs, aussi, mais surtout marqué par son regard pénétrant,
non dénué de fausse naïveté, devant ce monde des adultes où
apparaissent les maux et la mort.
Dans la «Seconde enfance», dans la belle et tragique Bosnie, les souvenirs
de vacances et la présence de sa grand-mère paternelle font revivre
l'autre Boba, à qui est consacré un long récit d'une écriture à la fois réaliste
et onirique.
Ces pages sur la déportation atteignent une indéniable originalité et, loin
de n'exhaler que le désespoir, se terminent sur une libération spirituelle.
L'on admirera également le subtil jeu de correspondances et de
références entre les différents récits qui constituent ce roman posthume,
véritable livre de vie.