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Composé de subtiles touchés narratives aux reflets proustiens, voici un roman de la réminiscence et de la douleur métaphysique.
Au cur de cette descente dans le royaume des spectres, une idylle adolescente qui a mal tourné. Au retour d'une baignade sur une île du Danube, la jeune servante que le narrateur aimait a disparu à jamais. Mais non point l'empreinte qu'elle a laissée en lui. Il ne parviendra plus jamais à retrouver une vie normale, hanté par ses visions, alerté du même coup à l'égard de tout un monde de perceptions et de souffles souterrains, rejetés par notre vie consciente, et qui pourtant nous façonnent de l'intérieur.
« S'il n'y a rien ici-bas, il n'est rien non plus là-haut », nous dit-il. Avec une paradoxale cohérence, le philosophe de la connaissance et du doute, aux positions rationalistes affirmées, entreprend de construire l'être et le sens de son passage sur terre en faisant revivre les spectres de son passé. Il élabore un récit ambigu, entrelacé d'introspection, où le surnaturel devient un moyen d'exploration intérieure, en même temps qu'une manière d'exprimer cette « nostalgie de l'infini » que l'existence rationnelle tient comprimée au fond de nous.
Dans la narration lyrique et richement imagée de Nicolas Milochevitch, nous voyons émerger toute une vie de province baignant dans la lumière d'une époque à la fois proche et si lointaine, où les événements quotidiens se fondent dans la poésie et la prémonition.
