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« Dans un premier volume, Le Plaidoyer pour les indéfendables, on ouvre le débat, on le situe, passant de la phénoménologie à la théologie, du problème au mystère, de l'actuel à l'éternel, du Juif en tant qu'homme ordinaire au Juif en tant que fable à travers l'espace et les générations. On y suit l'ordre le plus cohérent, on part de l'évidence en cherchant à percer les voiles, on ne recule devant rien, on multiplie les travaux d'approche et c'est de tous les côtés à la fois qu'on met le siège devant cette affaire. On n'a jamais conduit une opération semblable avec plus de mesure et plus d'audace, et rarement avec plus de grandeur, l'apologie s'y change en épopée, la défense en requête et la requête en offensive.
La Marche à travers les ruines reprend tous les sujets, les fouille et les éclaire sous d'autres angles. Ce n'est plus une démonstration, c' est un feu d'artifice où les fusées seraient des paradoxes. A l'ordre cohérent du Plaidoyer répond ici l'éclat de la diversité, les effets de surprise et même l'ironie, laquelle ajoute à ce que le destin des Juifs avait d'atroce.
Or, l'intermède veut une solution et c'est à quoi l'on s'achemine dans Colonne d'ombre, Colonne de lumière, où l'on ramasse tous les traits épars pour leur donner un sens nouveau. L'on édifie un Temple et véritablement c'est à l'Esprit qu'on ira le dédier. Hors de l'intelligence il n'est point de salut, la foi ne sauve pas le monde, la bonne volonté sans le discernement peut même le détruire, il ne suffit plus de saigner pour une cause, il faut comprendre et mesurer, il faut chercher un ordre où tous les mots prennent un sens, où les valeurs et les besoins s'accordent, où l'homme ait enfin la parole et non plus la légende. La mission des Juifs est de forcer l'espèce à briser toutes les idoles, et d'abord celles qu'on ne voit ni touche. La mission des Juifs se perpétue et c'est en eux que l'évidence s'allie à la Providence. »
Albert CARACO
