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«Le voilà qui arrive. "Il Babbo". Il n'a rien d'italien, c'est
ma mère qui l'est à moitié. C'est elle qui l'a surnommé ainsi
pour nous. Avec l'accent, en tirant sur le "a". J'aime le sobriquet.
Aux heures claires, il sent le babillage et la bulle savonneuse.
Aux heures sombres, il claque comme une sentence enfantine :
"Pas beau !"»
Une semaine sur les routes de France, entre le Var et Paris,
dans le sillage d'une vieille bagnole en bout de course. Il Babbo
conduit. Sur le siège passager, son fils scrute le rétroviseur où
défilent les souvenirs d'enfance, caprices et coups de poker de ce
père au destin sinueux et spectaculaire. Qui est-il ce Babbo, cet
homme jovial et interlope : idéaliste patenté ou escroc aux heures
de bureau ? Et qui est vraiment ce narrateur ? Plus un adolescent,
pas tout à fait un homme. Ce voyage, seul à seul, est un moment
rare. Père et fils s'observent, se toisent, se cherchent.
Le long des départementales, c'est le poids des silences
et des non-dits que l'auteur convoie, et l'histoire d'une famille
française, en creux, qu'il explore. Au fil des kilomètres, se croiseront
l'Afrique et Barbara, Musclor et Stefan Zweig, des généraux
soviétiques chez Tati, Lee Harvey Oswald et le porno.