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Dans la marche de la justice qui caractérisa l'affaire Dreyfus,
la Cour de cassation occupe une place centrale et décisive.
Son arrêt de révision du 12 juillet 1906, qui restera dans
l'histoire sous le nom d'«arrêt de réhabilitation» du capitaine
Dreyfus, a annulé le verdict de condamnation prononcé à Rennes
le 9 septembre 1899. Jugeant qu'aucune charge ne pesait sur lui
et que sa condamnation avait été prononcée «par erreur et à tort»,
la Cour de cassation a définitivement proclamé l'innocence de
l'officier accusé de trahison en 1894.
Que l'on considère cet arrêt dans un sens historique, juridique
ou dans une perspective civique ou mémorielle, celui-ci est
essentiel. Il est essentiel pour nous, gens de justice, héritiers
directs des magistrats et des avocats qui durent affronter les menaces
politiques, d'odieuses campagnes de presse et la vindicte des
foules déchaînées par le nationalisme et l'antisémitisme. Il est
essentiel pour la France qui se souvient que, à l'aube du XXe siècle,
une monstrueuse injustice contre un homme traité en paria fut
réparée par un acte solennel de justice. Il l'est pour les générations
futures, à qui s'adresse la commémoration de cette grande décision
et auxquelles elle enseigne qu'en ultime ressort le juge est le
gardien de la liberté et de la démocratie.