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La crise est omniprésente. Pourtant, ses conséquences idéologiques
sont largement ignorées. Depuis près de quarante ans,
toutes sortes de mouvements idéologiques et politiques ont vu
le jour, ayant en commun de penser, dans des dimensions variables,
que l'Occident vit un «déclin» et qu'il est menacé dans son
existence même.
Une idéologie - l'occidentalisme - s'est ainsi peu à peu imposée
comme l'idéologie de la crise. De la crise de la social-démocratie
à l'émergence du néoconservatisme, de la flambée des
nouvelles droites populistes à l'apparition de l'hédonisme sécuritaire,
de l'évolution des mouvements gays ou féministes au
détournement de la laïcité, cette idéologie est devenue culturellement
hégémonique sans que l'on s'en rende compte. Parsemée
de contradictions, se nourrissant des paniques morales des
populations de l'Occident face à l'immigration et voyant dans
l'islam un danger imminent pour le mode de vie des pays d'Europe
notamment, l'idéologie de la crise ne cesse de déterminer
nos débats de société et escamote les problèmes politiques et
économiques.
Dans cet univers du doute et de la peur, les gauches sont
menacées de disparition. Elles assistent, impuissantes, au développement
du spontanéisme droitier... Leur vieux fonds idéologique
n'a plus guère de prise, elles sont au pied du mur, elles
doivent se réinventer, en appliquant la leçon de Gramsci, car la
guerre culturelle aura bien lieu.