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Dans le passé, la notion d'entreprise était relativement aisée à cerner.
On pouvait l'entendre soit comme une communauté de salariés sous
l'autorité d'un employeur, soit comme une réunion de plusieurs
personnes autour d'un projet commercial, soit encore comme une
structure homogène actrice d'un marché de produits ou de services.
Depuis la fin du XXe siècle, l'introduction de nouvelles méthodes
de gestion, la formation de réseaux, l'apparition du phénomène
des groupes de sociétés, l'informatisation des activités économiques
et commerciales, la globalisation et la financiarisation de l'économie
ont modifié les structures et la dynamique des entreprises.
En conséquence, leur représentation en a été troublée. Certes,
des efforts théoriques ont été entrepris pour en adapter l'image.
Ainsi, il est aujourd'hui fréquemment fait allusion aux entreprises
en réseaux dont les modes d'organisation sont beaucoup plus diffus
et répondent aux exigences de flexibilité et d'adaptabilité des échanges
commerciaux contemporains. Mais, avec l'apparition de l'entreprise-marchandise,
la rupture épistémologique s'est encore accentuée.
De plus en plus souvent, les entreprises sont aujourd'hui devenues
des vecteurs destinés à générer des profits sur les marchés financiers.
Le droit des sociétés va accompagner cette évolution et de profondes
réformes vont faciliter la négociabilité fondée sur la liquidité de la
marchandise «entreprise». Face aux modifications qui ont affecté
l'entreprise et qui ont rendu de plus en plus difficile son utilisation
par le droit, des juristes, magistrats ou universitaires, un économiste
et une sociologue de l'entreprise s'interrogent dans cet ouvrage sur la
façon de surmonter la crise de l'entreprise et de sa représentation.