Read more
La plupart des recherches accomplies ces dernières années du point de vue français sur Vichy ont été complétées
par des travaux allemands, si bien que l'on peut commencer de part et d'autre à comparer les sources d'archives
françaises et allemandes ainsi que les différents points de vue.
Clément Millon saisit cette chance en présentant dans un premier temps la justice française dans l'état où elle se
trouvait face à l'occupation allemande. Il regarde ensuite du côté allemand pour défricher la diversité déconcertante
des organes de la puissance occupante entre 1940 et 1944. (...) il entreprend d'éclairer la manière de fonctionner
de la justice française sous occupation allemande des deux côtés, permettant ainsi à son travail d'intégrer également
la perspective allemande. (...)
Cela voulait dire pour Clément Millon compiler dans un premier temps les sources juridiques du droit
national et international de l'occupation, au nombre desquelles figurent l'armistice du 22 juin 1940, la Convention
de La Haye et le droit international public commun ainsi que tous les actes juridiques parus dans le Journal officiel
du commandement militaire en France. À quoi s'ajoutent les droits particuliers régionaux de certains départements.
(...)
Il semble possible, deux générations après les horreurs de la guerre, d'ouvrir les perspectives nationales et
de regarder aussi les sources de l'autre côté de chaque frontière. (...)
Le travail de Clément Millon est hautement instructif au regard des sources, en particulier celles d'origine
allemande, il surmonte d'anciennes prises de position unilatérales et rend possible une plus juste vision de la justice
française de ce temps-là, qui alors ne jouait certes qu'un rôle secondaire, néanmoins un rôle, extraordinairement
difficile entre résistance et adaptation.