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Au début du XVIIIe siècle, intrigué par la forme
étrange d'une petite porte aménagée dans l'angle
de la salle des Clairs-Obscurs, au Vatican, l'abbé
Agostino Taja, suivant son intuition, se retrouva en
un lieu au somptueux pavement de marbre couvert
de fresques du sol jusqu'à la voûte. Il venait ni
plus ni moins de découvrir l'ancien oratoire privé
de Nicolas V, la chapelle Niccoline. Cette pièce
était située dans un bâtiment lui-même auréolé de
mystère, puisque ce n'est qu'au milieu du XXe siècle
qu'on l'identifia comme la tour d'Innocent III.
Au XVe siècle, Nicolas V (Tommaso Parentucelli),
pape éclairé de la Renaissance, entreprit des
travaux de remaniements dans la zone qui englobait
la tour d'Innocent III. Dans cette dernière,
deux niveaux furent réunis en un seul pour créer
un espace destiné à accueillir un oratoire privé.
En février 1448, Fra Angelico, déjà reconnu à
l'époque pour son talent, fut chargé de sa décoration.
Il s'attacha à retracer la vie de deux martyrs,
Étienne et Laurent : sur les murs de la petite chapelle
se déploient les épisodes de leur existence.
Ils exaltent les vertus de Nicolas V, qui prête
d'ailleurs ses traits au pape Sixte II dans l'une des
scènes représentées.
Par la suite, avec la construction de nouveaux
édifices autour de la cour Saint-Damase puis celle
du palais du Quirinal, où le pape résida de plus
en plus souvent, ce trésor de la Renaissance italienne
tomba dans l'oubli.
Plusieurs fois restauré depuis la découverte de
l'abbé Taja, il a été récemment l'objet d'une vaste
campagne de travaux. À cette occasion, des
recherches et des analyses approfondies ont été
menées pour lui rendre sa splendeur originelle.
Aujourd'hui, grâce au présent ouvrage, le lecteur
peut à son tour s'émerveiller devant la beauté, la
fraîcheur et la luminosité retrouvées des fresques
de Fra Angelico.