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Un road-trip qui nous emmène de New York a la Californie, en passant par le Sud, par Chicago, à travers l'Arizona et le Wyoming, mais aussi le Texas, le Nevada, l'Oregon le Colorado...
Photographe passionnée d'Amérique, très fortement influencée par le travail d'Edward S. Curtis et Dorothea Lange, Patricia de Gorostarzu a pris la route sur les traces de John Steinbeck avec une idée en tête, celle de traverser les États-Unis en empruntant la route 66 avec sa chambre photographique (format 20 x 25 cm).
Elle ramène des photographies d'une force et d'une poésie sans égal. Celles-ci vont faire l'objet de nombreuses expositions et entrer dans la collection permanente de la Maison Européenne de la Photographie. Son livre « D'Est en Ouest », sorti en 2002, à été encensé par la critique.
S'enchaînent alors les voyages à travers le monde, principalement aux États-Unis où, pendant deux ans, elle va sillonner le pays pour donner naissance à « Vintage America », un état des lieux d'une époque qui a incarné le rêve américain.
Patricia de Gorostarzu est désormais reconnue comme l'une des photographes les plus douées de sa génération. Elle développe un travail sensible et puissant : Ses photographies saisissent souvent l'éphémère et la fragilité des choses et des lieux.
Il existe en chacun de nous plusieurs Amériques : celle de nos rêves d'enfants nourris par nos lectures et les films que l'on a vus : l'Amérique actuelle, celle des magazines et de nos voyages, une Amérique que nous construisons à partir des séries télévisées et de la musique. Ces Amériques là nous sont personnelles, chacun porte un pays qui ne ressemble qu'à lui-même. Aucune de ces Amériques n'est identique. Mais il existe encore une autre Amérique. Celle-là nous est commune, c'est celle que saisit Patricia de Gorostarzu.
Une Amérique qui se niche entre le rêve et la réalité, dans notre imaginaire. Une Amérique à la fois grandiose et décrépie. Ce sont des images qui témoignent de la force et de l'optimisme d'un pays et qui, en même temps, en marque le déclin et la fragilité. Les photographies de Patricia de Gorostarzu sont comme ces images à la fois fugitives et pourtant fortes qui apparaissent dans nos rêves. Elles laissent une trace en nous. Je vois aussi dans les photos, non pas la recherche de la nostalgie, mais la célébration de la beauté dans les lieux les plus improbables - cimetière des néons de Las Vegas, délicate dentelle d'un pont en acier de Brooklyn, poésie d'une enseigne de motel qui n'attend plus de visiteurs, incongruité de baraques préfabriquées vendant des feux d'artifices au coeur d'un paysage désolé. Ces images sont comme un poème de Whitman, comme le récit de Thoreau glissant le long de la rivière Merrimack. Elles nous apprennent à trouver la beauté du monde dans les interstices où seules les herbes folles songent à venir se loger.
