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Dans ses essais, Gabriel Ringlet a toujours cherché à défricher les textes, ceux des Évangiles, des poètes, ou encore ceux des journaux. Il s'agissait de retourner des terres trop longtemps laissées en friche pour les rendre à nouveau fertiles. Avec Ceci est ton corps, ce sont de nouvelles terres qu'il retourne : celles de sa propre expérience et des mots qu'il a confiés à un journal durant des mois. Mais l'oeuvre reste la même : rendre à nouveau fertile. L'Évangile et les poètes continuent d'être ses compagnons, au fil des pages, il égrène leurs textes, qui viennent résonner avec une force inouïe.
Pendant huit mois, Gabriel Ringlet accompagne une femme qui lui est chère - qui partage sa vie, sans que cela soit contraire à son sacerdoce. Un cancer avait été diagnostiqué, il était en passe de se généraliser, les séjours à l'hôpital et les opérations lourdes allaient se succéder. Tandis que le corps de cette femme se brise, c'est à un enfantement essentiel que touche le récit. Dans ce dénuement, les mots du journal prennent alors les sentiers de cette pauvreté consentie, ceux de la fragilité, de la poésie. Et c'est au coeur de ce dénuement qu'il célèbre avec elle une eucharistie, dans une chambre d'hôpital, " Ceci est ton corps ". Ce corps retournera à la poussière, mais, dans cette longue et douloureuse Passion qui s'annonce, il y a aussi les germes de la transfiguration. Ceux-là mêmes que Gabriel Ringlet saisit avec une densité et une sérénité immenses : " Tout au long de sa Passion, une femme fut transfigurée devant moi. "