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Au début des années 1980, l'Afrique subsaharienne était
considérée comme sinistrée par les institutions bailleurs de
fonds internationaux. Avec le retour de la croissance dans
la décennie 2000, le nouveau positionnement stratégique,
dont l'arrivée de puissants acteurs asiatiques (Chine et
Inde) est une composante, et l'ouverture aux technologies
de la communication, un vent d'optimisme souffle. Le lieu
noir fait aujourd'hui figure de nouvelle frontière, de lieu des
possibles en dépit d'incertitudes persistantes.
La question posée ici est celle de la bifurcation : vingt
années de crises enchevêtrées suivies d'une décennie de
croissance économique soutenue ont-elles transformé
l'Afrique subsaharienne au point de la sortir du «sentier de
dépendance» antérieur ?
L'accent est mis sur les structures politico-économiques
et l'osmose de long cours entre accumulation rentière
et nature des pouvoirs d'État, dont les incidences sont
considérables sur les organisations sociales et spatiales
africaines. Celles-ci procèdent aussi du foisonnement de
multiples encadrements, en particulier religieux, stimulés
par la mise en contact direct du global et du local. Rebond
économique et bouillonnements sociaux sont inscrits dans
une tendance démographique lourde : la population devrait
atteindre 1,2 milliard d'habitants en 2025, sans doute 1,8
en 2050. La densification consécutive du peuplement est
accompagnée de mutations rurales, discrètes mais réelles,
et d'une spectaculaire transformation urbaine. De ces
changements sont issues des peurs et des interrogations
environnementales ainsi que des recompositions spatiales
à toutes échelles.
De plus en plus différenciée et plurielle, l'Afrique subsaharienne
est en mouvement, mais demeure ambiguë.