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Les tensions entre la loi civile et la loi naturelle sont aussi
anciennes que la civilisation mais elles se sont considérablement
accrues depuis que le législateur moderne a entrepris de s'émanciper
de ses normes supérieures de référence. Avec le temps, cette
séparation a tourné à une véritable répudiation. L'extension de la
souveraineté politique au domaine éthique a entraîné de graves distorsions
dans la confection des lois et l'administration de la justice.
Ce sont les notions mêmes de loi, d'ordre juste, voire de nature
humaine et de liberté individuelle, qui ont été obscurcies par le
triomphe conjugué du positivisme juridique et du laïcisme républicain.
Pourtant, entre la loi naturelle et la loi civile, il ne devrait y avoir
aucun antagonisme mais plutôt complémentarité : la loi naturelle a
besoin de la loi civile pour passer à la positivité et assurer son effectivité
; et la loi civile a besoin de la loi naturelle pour fonder sa légitimité
et garantir sa rationalité. C'est ainsi qu'on parviendra à cet
authentique État de droit auquel aspirent les démocraties contemporaines.
Parce que la loi naturelle demeure inséparable de la droite raison
et que son rejet procède surtout d'une ignorance largement partagée,
un nouvel inventaire est à établir dans une saine confrontation
des différentes écoles philosophiques et traditions juridiques
afin que ces principes premiers redeviennent, de nos jours, des principes
communs.
C'est à cette recherche de concorde civile que s'essaient les
auteurs de cet ouvrage.