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Un autostoppeur, la tête pleine de blues et de la philosophie de Nietzsche,
écrit des poèmes sur le toit d'un garage à L.A. Un jour de 1965, à Venice
Beach il tombe sur un copain, Ray Manzareck, comme lui ex-étudiant en
cinéma.
Ils décident de se retrouver pour jouer à Manhattan Beach. Le poète du
garage écrirait les textes, il chante aussi. Plus tard, Manzarek lance un bon
groove de Muddy Waters au clavier, et le batteur qu'ils ont invité, John
Densmore, a suivi. On le gardera. Puis John est venu avec Robby Krieger,
il manquait une guitare. Comme le groupe est au complet, le poète du
garage a proposé un pacte : tout ce qu'ils gagneront sera partagé en quatre.
Un Festin d'Amis en somme. Après quelques salles minables, ils jouent
sur le Sunset Trip et deviennent The Doors.
L'autostoppeur/poète des garages en rock-star c'est Jim Morrison. Avec
250 concerts en 4 ans et 6 albums : un vent de panique.
Rester soi-même au milieu de la tempète : combat d'un pauvre poète.
Alors parfois, Morrison s'en va dans le désert au volant de la Blue Lady,
seul avec ses poèmes, sa tragédie intime. Sa sauvagerie.
Dedans / Dehors.
Sur scène, il invente un poète-chaman inspiré du désert des Mojaves,
guerrier d'une Célébration Poétique Rock.
Mais, le 1er mars 69 à Miami, au Dinner Key Auditorium, sous 12 000
flashs, il se met à hurler Rock is dead, Rock is dead, en pleine guerre du
Vietnam : s'en suivra une émeute. Enième émeute au concert des Doors.
Seulement c'est celle de trop. Il sera arrêté, accusé.
Fini le Festin d'Amis. Ne lui reste que la seule Poésie.
Alors il s'en va comme Rimbaud. À Paris. Là il sera James Douglas
Morrison, le poète. Sur sa tombe, au Père Lachaise, le 3 juillet 1971,
Pamela, sa compagne lira des vers tirés de la Célébration du lézard.